Encore un auteur à découvrir: José
Javier Abasolo
Alors que les premiers romans noirs
espagnols se déroulaient en général à Barcelone (Vázquez Montalbán, González
Ledesma, Andreu Martín, …) depuis quelques années, les histoires se sont
déplacées vers d’autres centres urbains, notamment Bilbao (Jon Arrtexe, Willy
Uribe, Juan Antonio De Blas, Juan Bas,…)
José Javier Abasolo (1957), originaire
de Bilbao est considéré comme un des meilleurs représentants du roman noir en
Pays basque.
Son premier roman, Lejos de aquel
instante, Alba, Madrid, 1997 (Jamais je n’oublierai, L’Atalante,
2001) laisse un peu le lecteur sur sa faim. Il y a trois enquêtes, trois
enquêteurs et une multitude de personnages, depuis des prostituées jusqu’au
général Eisenhower en passant par des agents de la CIA et, partant, une
multitude d’événements sans liens apparents.
Bref, un roman dans le dédale duquel le
lecteur a parfois de la peine à s’y retrouver.
Nadie es inocente, 1998 (Nul n’est innocent, L’Atalante, 2000) est
un roman plus accompli. Il a pour toile de fond la violence des années noires
du franquisme, quand la Brigade sociale traquait les «rouges» et les membres de
l’ETA.
Il s’agit d’un roman apparemment
complexe dans lequel l’auteur, très habilement, se joue des horizons d’attente
du lecteur.
Dans un collège de Bilbao, un
professeur modèle, le père Ander Gajate disparaît en compagnie d’une jeune
femme, après avoir fait encaisser par celle-ci un chèque de cent millions de
pesètes destiné au collège, don de la veuve d’un riche homme d’affaires. Afin
d’éviter qu’un scandale n’éclabousse la congrégation, celle-ci confie l’enquête
à un autre prêtre, le père Emilio Vázquez, un ex- policier franquiste entré
tardivement dans les ordres.
Après une entrée en matière qui
d’emblée annonce le suspense avec la confession d’une femme qui confie à son
confesseur qu’elle va tuer un homme, le narrateur nous emmène dans un long
retour en arrière. Le roman prend les apparences d’un roman d’initiation où est
contée l’adolescence du père Gajate et de ses compagnons d’internat, des fils
de dignitaires du franquisme pur et dur comme le futur policier Emilio Vázquez,
le futur commissaire Garrido qui était le chef de la bande et Fernandito qui
mourra de mort violente.
Le jeune Gajate, bien qu’il soit le
fils d’un gudari (membre de l’ETA) et qu’il ait été élevé dans une famille
basque paysanne traditionnelle, catholique et nationaliste (son père, son oncle
et son frère ont été des victimes de la répression franquiste), ressent de la
fascination pour ses compagnons plus âgés, des êtres sans scrupules qui ne
reculent devant rien pour satisfaire leurs pulsions pas toujours très
catholiques.
A sa sortie du collège, Vázquez est
entré dans la police, profession qui lui permettra d’assouvir ses passions sous
le couvert de la légalité. Il n’hésitera pas à violer, torturer et tuer non
seulement ses ennemis politiques, mais aussi ceux qui se mettent sur son
chemin.
Avec le vol du chèque, Vázquez va donc
devoir traquer son ancien condisciple. Il retrouvera très rapidement les
réflexes et la mentalité de l’époque où il exerçait ses talents dans la police.
Très vite aussi, l’histoire prend un tournant à partir duquel on ne sait plus
très bien qui est le chasseur et qui est le gibier. Le dénouement sera assez
surprenant.
(http://critiques-resenas-divers.skynetblogs.be/index-7.html)
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